Depuis le 13 juin, un conflit direct oppose Israël et l’Iran, avec une intensité inédite depuis la guerre Iran‑Irak. Entre frappes ciblées, dégâts civils massifs, ripostes coordonnées et tensions diplomatiques, cette confrontation redéfinit l’équilibre régional.
L’épreuve du feu : frappes, ripostes et populations ciblées
L’opération israélienne baptisée Rising Lion, lancée le 13 juin, a visé plus de 100 sites en Iran – installations nucléaires, bases militaires et infrastructures civiles. Selon Téhéran, 224 à 406 personnes ont été tuées, dont de nombreux civils, ingénieurs et enfants, ainsi que des officiers supérieurs des Gardiens de la révolution. Parmi les cibles de taille, les champs gaziers de South Pars et des dépôts pétroliers ont été ébranlés, et des coupures d’électricité constatées dans des quartiers résidentiels.
L’Iran, de son côté, a lancé plus de 370 missiles et drones à quatre reprises, touchant Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem, Bat Yam, Rehovot, Petah Tikva, et causant au minimum 18 victimes (dont un élargissement du bilan à 21 selon d’autres sources) et des centaines de blessés.
À l’origine de ce regain de violence se trouve une stratégie hybride : le Mossad, selon des sources ouvertes, aurait préparé une base secrète dotée de centaines de drones dans l’intérieur même de l’Iran. Missions de sabotage des radars et lance-missiles, puis frappes aériennes massives… Cette alliance entre espionnage covert et puissance aérienne marque un tournant stratégique.
Les civils sont au cœur du conflit. En Iran, « 90 % des victimes sont civiles » selon l’agence officielle, et des témoignages décrivent des familles dévastées par les frappes dans des logements ou immeubles effondrés . En Israël, des zones résidentielles et bâtiments hôteliers à proximité de l’ambassade américaine à Tel Aviv ont été touchés, provoquant scènes de panique. Les écoles sont fermées, les vols interrompus et les abris renforcés : l’état d’alerte maximal domine des deux côtés.
Diplomatie en alerte : l’Occident face à une crise incontrôlable
Sur le plan international, la crise mobilise les grandes puissances. Les dirigeants du G7, réunis à Kananaskis (Canada), ont suspendu leur agenda pour évoquer la situation. Presse commune pour la désescalade, mais reconnaissance du « droit d’Israël à se défendre ». L’UE convoque en urgence ses ministres des Affaires étrangères .
Le Royaume-Uni renforce sa présence militaire dans le golfe en déployant des Typhoon, anticipant les menaces pesant sur ses bases à Chypre et Bahreïn . Les États-Unis, tout en interceptant certains missiles, maintiennent une posture prudente, notamment en réaffirmant l’importance du dialogue tout en dissuadant toute menace contre leurs intérêts .
Vers un embrasement régional… ou mondial ? Le conflit sort de ses frontières
La montée des provocations fait craindre une extension du conflit. L’Iran menace désormais explicitement d’attaquer des intérêts occidentaux – bases américaines, britanniques, françaises – ainsi que le trafic maritime via Ormuz ou Bab el‑Mandeb . Les marchés pétroliers flamboient : le baril de Brent grimpe de 10 à 11 % en deux jours, un record depuis janvier, et les bourses réagissent avec volatilité . Quant aux compagnies aériennes, certaines redirigent leurs vols pour éviter les espaces contestés .
Enfin, l’escalade a stoppé net les négociations nucléaires entre Téhéran et Washington – sixième cycle prévu à Oman annulé par l’Iran. L’AIEA exprime une « profonde préoccupation » quant aux risques pour ses inspecteurs et pour la stabilité nucléaire régionale. Quant aux possibilités de nouvelles sanctions, l’UE fait face à des pressions internes et à l’échéance du mécanisme snapback en octobre, compliquant toute réponse concertée.
Cette conflagration israélo-iranienne, longtemps restée dans l’ombre d’un conflit gelé et asymétrique, se mue en confrontation directe aux dimensions régionales et mondiales. Après le choc des missiles et des drones, l’enjeu sera désormais diplomatique : le fragile équilibre entre défense, riposte et négociation tiendra-t-il sous la pression des armes, des marchés et des opinions publiques ?