Une chancellerie sous haute pression : les défis immédiats de Friedrich Merz

Berlin, 6 mai 2025. Élu chancelier au second tour, Friedrich Merz prend les rênes de l’Allemagne dans un contexte d’instabilité politique et économique. Malgré son accession au pouvoir, les premières heures de son mandat révèlent déjà les lignes de fracture internes de sa coalition et la pression qui pèse sur son gouvernement. Son défi : gouverner efficacement tout en consolidant une majorité fragile, dans un pays fracturé.

La CDU/CSU remporte enfin la chancellerie, mais non sans accroc. Le revers est historique : Friedrich Merz échoue au premier vote d’investiture, ne réunissant que 310 voix sur les 316 nécessaires. Il faut un second tour pour le voir confirmé à la tête du gouvernement, révélant au grand jour les dissensions internes à la coalition formée avec le SPD.
Ce faux départ a produit un électrochoc. La majorité parlementaire, à peine confortable avec 328 sièges sur 630, montre dès l’ouverture de la législature sa vulnérabilité. Des députés sociaux-démocrates ont visiblement déserté ou voté contre leur propre camp, mettant en lumière les désaccords idéologiques sur les orientations à venir, notamment sur les politiques budgétaires et migratoires.
Dans les médias allemands, l’événement est perçu comme un signal d’alerte : le nouveau chancelier, figure conservatrice assumée, n’a pas encore convaincu ses alliés. « Ce premier vote raté est plus qu’un incident de parcours : c’est un avertissement sur l’équilibre instable de cette coalition de nécessité », résume Der Spiegel.

Des chantiers urgents pour asseoir son autorité

La liste des priorités de Merz est longue, et les marges de manœuvre étroites. L’Allemagne est entrée dans une phase de stagnation économique : croissance en berne, investissements gelés, inflation persistante. Le nouveau chancelier promet une relance par l’offre, via des allègements fiscaux et une rationalisation des dépenses publiques. Mais les premières propositions de réforme, notamment sur les prestations sociales, suscitent déjà la réticence de l’aile gauche du SPD.
Autre ligne de fracture : la politique migratoire. Merz, qui prône une ligne plus stricte que celle de ses prédécesseurs, se heurte aux sensibilités divergentes de ses partenaires. Dans ce contexte, tenir la cohésion de la coalition relèvera d’un exercice d’équilibrisme permanent.
En toile de fond, la montée de l’AfD, désormais deuxième force au Bundestag, exerce une pression politique inédite. Le nouveau chancelier est attendu au tournant sur sa capacité à répondre au mécontentement d’une partie croissante de la population, sans céder aux tentations populistes. Sur la scène internationale, les regards sont tout aussi vigilants. Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont salué son élection, mais attendent des signaux clairs sur la relance du couple franco-allemand et le positionnement européen de Berlin.
Merz arrive au pouvoir, mais en terrain miné. La solidité de sa majorité, la rapidité de ses premières décisions et sa capacité à créer du consensus seront scrutées à chaque étape. Suffiront-elles à construire une autorité durable, ou ne feront-elles qu’exposer davantage les lignes de faille d’un système politique sous tension ?

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