Le pape François Ier est décédé le 21 avril à 88 ans, laissant l’Église catholique face à une transition majeure. Son pontificat de douze ans, marqué par des réformes sociales et structurelles, façonne désormais les enjeux du conclave à venir. Entre héritage assumé et tensions doctrinales persistantes, les 135 cardinaux électeurs devront choisir une voie pour le futur : continuité, rupture ou synthèse ?
Le décès de François, survenu à la résidence Sainte-Marthe au Vatican, ouvre une phase de réflexion cruciale pour l’Église catholique. Le conclave débutera entre le 6 et le 12 mai. Or, environ 80 % des cardinaux électeurs ont été nommés par le pape défunt. Ce fait, inédit par son ampleur, pourrait fortement orienter le choix du successeur.
Depuis 2013, Jorge Mario Bergoglio a profondément transformé le visage de l’institution : réforme de la Curie, décentralisation des pouvoirs, ouverture envers les personnes marginalisées, lutte contre les abus sexuels. Son approche pastorale et sociale a bousculé une Église longtemps perçue comme figée. À cela s’ajoute une volonté de simplifier la fonction papale, qu’il incarna jusqu’au bout, demandant lui-même des funérailles sobres et une inhumation hors de la basilique Saint-Pierre.
Ce legs, bien que salué dans de nombreux pays du Sud, divise. Certains y voient un aggiornamento salutaire. D’autres, au sein même du collège cardinalice, souhaitent freiner ce virage qu’ils jugent doctrinalement risqué.
L’Église face à ses fractures : quels défis pour le prochain pape ?
Le prochain pontificat devra composer avec une Église fracturée. Le synode d’octobre 2024 a mis en lumière des clivages persistants : rôle des femmes, accueil des personnes LGBTQ+, place des laïcs dans la gouvernance, réforme du célibat sacerdotal. Autant de lignes de faille qui traversent la communauté catholique, entre attentes de modernisation et craintes de dilution doctrinale.
Parmi les favoris cités dans les cercles vaticans, plusieurs incarnent ces tensions. Le cardinal Luis Antonio Tagle (Philippines), proche de François, apparaît comme le continuateur naturel. Matteo Maria Zuppi (Italie), figure de la gauche ecclésiale, est également perçu comme un pont entre les courants. À l’opposé, le cardinal Robert Sarah (Guinée), conservateur assumé, représenterait un retour à une ligne plus traditionnelle. D’autres profils, comme Pietro Parolin ou Jean-Marc Aveline, pourraient incarner un compromis.
Mais plus que le profil, c’est la capacité du futur pape à rassembler, à incarner l’universalité d’une Église présente sur tous les continents, qui sera scrutée. Dans un monde fragmenté, l’institution devra trancher : poursuivre le chemin esquissé par François ou chercher un nouvel équilibre entre tradition et adaptation.
En douze ans, François aura redéfini l’image et les priorités de l’Église. Le conclave qui s’ouvre pourrait en consacrer l’héritage ou marquer un tournant. À l’heure des choix, la question reste entière : quel visage pour l’Église du XXIe siècle ?