Kindle en vedette, conférences sur la lecture numérique, débats sur l’avenir du livre imprimé : du 11 au 13 avril, le Festival du Livre de Paris 2025 a confirmé une réalité en pleine accélération. Sous la verrière du Grand Palais, auteurs, éditeurs et lecteurs ont confronté leurs visions d’une littérature en transition. À l’heure où les écrans s’imposent jusque dans les habitudes de lecture, le papier peut-il encore résister ?
Le Festival du Livre de Paris 2025 a marqué son retour au Grand Palais du 11 au 13 avril, rassemblant plus de 114 000 visiteurs. Une édition charnière, où la littérature s’est confrontée aux enjeux du numérique.
Pour la première fois, Kindle était présente, proposant une expérience immersive autour de la lecture digitale. Un symbole fort : le numérique ne se contente plus d’observer, il s’installe au cœur du débat. Entre liseuses connectées et ouvrages brochés, le festival a posé une question centrale : comment lire à l’heure des écrans ?
Dans les allées, lecteurs, auteurs et éditeurs esquissent les contours d’un nouveau paysage : celui d’une lecture en pleine mutation, entre traditions éditoriales et innovations technologiques
Lecture numérique : le virage s’accélère
Au centre du Grand Palais, le stand Kindle détonne. Écrans tactiles, assises minimalistes, casque audio pour lecture immersive : tout ici évoque une nouvelle façon de lire, dématérialisée, fluide, mobile. Pour la première fois, Amazon participe au Festival du Livre. Une première, et un tournant.
« Notre objectif, c’est d’élargir l’accès à la lecture, pas de remplacer quoi que ce soit »explique Claire Le Goff, responsable du développement Kindle France. « Notre objectif, c’est d’élargir l’accès à la lecture, pas de remplacer quoi que ce soit ». La stratégie est claire : intégrer le numérique comme un acteur à part entière du paysage littéraire, dans un contexte où les habitudes de lecture évoluent rapidement. D’après une étude Ipsos publiée en mars 2025, près d’un jeune sur deux de moins de 30 ans lit désormais au moins un ouvrage numérique par mois.
Dans les allées, les visiteurs s’interrogent. Lucie, 32 ans, cadre dans l’édition, observe le stand Kindle avec curiosité : « Je lis exclusivement en numérique depuis la pandémie. C’est pratique, surtout en voyage. Mais je viens quand même ici pour le plaisir du papier, des couvertures, de la rencontre avec les auteurs ». Plus loin, Yassine, lycéen, découvre une liseuse pour la première fois :
« Franchement, je pensais que c’était comme lire un PDF. Mais là, c’est super fluide, y’a même un mode nuit. Je pourrais m’y mettre ».
Entre curiosité et réticence, la bascule vers le numérique semble moins conflictuelle qu’il y a dix ans. Elle est progressive, parfois invisible. Les maisons d’édition traditionnelles, elles, s’adaptent. Certaines testent déjà de nouveaux formats : audio enrichi, séries littéraires interactives, modèles d’abonnement inspirés des plateformes de streaming.
« On ne peut plus ignorer le numérique », confie Romain D., éditeur indépendant. « Mais il faut encadrer sa progression. On ne construit pas une œuvre littéraire comme un thread sur X ».
Le Festival du Livre 2025 l’a confirmé : la lecture n’échappe pas à la transformation numérique. Mais loin d’un effacement du papier, c’est une recomposition qui s’opère. Liseuses, plateformes et nouvelles pratiques ne remplacent pas le livre imprimé. Ils en déplacent les usages, parfois les enrichissent, souvent les réinterrogent.
Le public ne choisit pas, il combine. Il feuillette un roman au format poche, puis enchaîne sur une nouvelle audio dans les transports. L’enjeu n’est plus de trancher entre papier et écran, mais d’inventer une lecture à la fois moderne, libre et exigeante.
Reste une question : dans un monde saturé de sollicitations, saura-t-on encore préserver le silence intérieur qu’exige la lecture ? La réponse, comme toujours, appartient à ceux qui lisent, peu importe le support.