Le 9 janvier 2025, l’élection du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, à la présidence du Liban a suscité des réactions internationales mêlant félicitations et espoirs de stabilité.
Depuis la crise économique de 2019, le Liban est confronté à une paralysie politique exacerbée par son système confessionnel. Ce modèle, initialement conçu pour assurer une représentation équitable des différentes communautés religieuses, est aujourd’hui critiqué pour entraver la prise de décision et favoriser le clientélisme.
Un système confessionnel en question
Le système politique libanais repose sur une répartition des postes clés selon des critères religieux : la présidence de la République est réservée à un chrétien maronite, le poste de Premier ministre à un musulman sunnite, et la présidence du Parlement à un musulman chiite. Cette structure, héritée du pacte national de 1943, visait à garantir la coexistence entre les communautés. Cependant, elle est désormais perçue comme un frein à la stabilité et à l’efficacité gouvernementale.
Les rivalités entre partis traditionnels, souvent alignées sur des lignes confessionnelles, ont conduit à des blocages institutionnels récurrents. La formation des gouvernements et la mise en œuvre de réformes essentielles sont régulièrement retardées, aggravant la crise économique et sociale.
Les mouvements citoyens face au statu quo
Depuis le soulèvement populaire d’octobre 2019, de nombreux Libanais réclament la fin du confessionnalisme politique et l’instauration d’un État laïc. Les élections législatives de mai 2022 ont vu l’émergence de candidats indépendants issus de la société civile, reflétant une volonté de changement. Cependant, malgré ces avancées, les forces traditionnelles ont conservé une influence significative, limitant la portée des réformes.
Les tentatives de réforme se heurtent à la résistance des élites politiques et religieuses, attachées à leurs privilèges. La peur de l’inconnu et les tensions régionales compliquent davantage la transition vers un système plus inclusif.
Perspectives d’une issue institutionnelle
L’élection de Joseph Aoun à la présidence pourrait-elle débloquer la situation ? Certains observateurs espèrent que son profil militaire et son image de figure consensuelle faciliteront la mise en place de réformes. Cependant, sans une volonté politique collective de dépasser les clivages confessionnels, les élections risquent de perpétuer le statu quo.
La communauté internationale, tout en saluant cette élection, insiste sur la nécessité de réformes structurelles pour sortir le Liban de l’impasse. La pression extérieure, combinée à une mobilisation continue de la société civile, pourrait encourager une évolution vers un système politique plus fonctionnel.
En conclusion, si les élections représentent une opportunité de changement, elles ne suffiront pas à elles seules à résoudre la paralysie politique du Liban. Une refonte profonde du système confessionnel, accompagnée d’une volonté collective de réforme, est indispensable pour envisager une sortie durable de la crise.